Le Ministère du Genre, de la Famille et de l’Enfant, en collaboration avec les femmes de l’Université de Kinshasa, a organisé une matinée d’échanges autour du thème « Femme, Paix et Sécurité ». L’événement, tenu ce lundi 24 mars 2025 au chapiteau de l’UNIKIN de 12h à 15h, a réuni des femmes des corps académique, scientifique et administratif, ainsi que des étudiantes et étudiants, afin de promouvoir l’implication des femmes dans les processus de paix, de sécurité et de réconciliation.
Cette rencontre a été appuyée par la note circulaire n°010/MINESU/CAB.MIN/SASM/MMK/2025 du 19 mars 2025, signée par la Ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire, la Professeure Marie-Thérèse Sombo Ayanne Safi Mukuna. Ce document appelait les établissements d’enseignement supérieur à sensibiliser les étudiants durant cette période marquée par la guerre d’agression à l’Est du pays.
La séance a débuté par un mot de bienvenue du Recteur de l’Université de Kinshasa, représenté par le Professeur Charles Odiko Lokangaka, Secrétaire Général Académique.
La Professeure Marie-Claire Yandju Dembo, Secrétaire Générale à la Recherche de l’Université de Kinshasa, a pris la parole sur « Les impacts de la guerre sur l’autonomisation de la femme congolaise et les déplacements forcés ». Elle a mis en lumière les violences sexuelles subies par les femmes, les grossesses indésirables comme stratégie d’infiltration de l’ennemi à long terme et les conséquences de ces atrocités sur la société. Elle a également souligné le rôle crucial des femmes dans l’économie congolaise, notamment dans la production alimentaire : « Les femmes contribuent à la production alimentaire du pays à plus de 70 % », a-t-elle insisté, appelant à l’adoption d’une politique nationale pour leur autonomisation.
De son côté, la Professeure Nicole Ntumba Bwatshia, Directrice de Cabinet Adjointe du Président de la République en charge des questions administratives, juridiques et internationales, a abordé « La situation géostratégique de la RDC, source de l’insécurité à l’Est du pays ». Elle a mis en évidence la convoitise économique autour des ressources minières du pays et l’implication de certains États voisins dans l’instabilité de la région. « La RDC subit non seulement un génocide, mais également un ‘génocost’ », a-t-elle déclaré.
Enfin, Monsieur Didier Lapiar, coordonnateur du Programme National SN1325, est intervenu sur le thème « Le rôle des femmes dans le maintien de la paix et de la sécurité nationale ». Il a souligné l’importance de la résolution 1325 de l’ONU, qui met en avant l’implication essentielle des femmes dans les processus de paix en République Démocratique du Congo.
Madame Sylvie Agwa, représentante de l’ONU Femmes, a réitéré l’engagement de son organisation à soutenir l’autonomisation des femmes et à lutter contre les violences qui leur sont faites.
Au terme de ces échanges, les recommandations ci-après ont été lues pour palier aux constats évoqués par les intervenants :
Constat 1 : Les femmes sont plus touchées par les conflits armés
Recommandation 1 : impliquer les femmes dans les programmes de résolution des conflits pendant et après les conflits et les autonomiser ;
Constat 2 : les violences à l’égard des femmes sont à la base de stress prénatal des femmes, des malformations congénitales et freinent le développement psychosocial, etc. Le traumatisme peut modifier les modifications génétiques
Recommandation 2 : Assurer une bonne prise en charge holistique (psychologique, médicale, économique, judiciaire, etc.) des femmes survivantes et mettre en place des mécanismes de prévention
Constat 3 : la guerre a plusieurs causes
Recommandation 3 : mettre en place une approche multidimensionnelle pour la résolution des conflits à l’Est notamment à travers : réforme des FARDC, diplomatie active et agissante, la gestion équitable des ressources
Constat 4 : Les conflits sont le résultat de l’enchevêtrement du droit traditionnel et du droit positif
Recommandation 4 : Associer l’anthropologie juridique à la géostratégie pour une meilleure résolution des conflits
Constat 5 : absence des femmes dans le processus de négociation de paix
Recommandation 5 :
- Impliquer la femme dans la table de négociation,
- Mettre en œuvre le plan d’action 3ème de la Résolution 1325,
- Intégrer le genre pour tenir compte des besoins spécifiques des hommes et des femmes dans la reconstruction,
- Sensibiliser, former et faire le plaidoyer sur le génocide sexuel et Genocost
- Assurer l’éducation des femmes pour assurer les connaissances et compétences dans la gestion et résolution des conflits
Pour finir, la professeure Marie-claire Yandju à recommandé la légalisation de l’avortement pour les grossesses résultant de viols et d’esclavagisme sexuel, en particulier dans des contextes comme ceux des carrières de minerais à l’est de la RDC.
La matinée d’échanges s’est conclue par un message de la représentante de la Ministre du Genre, de la Famille et de l’Enfant, qui a exhorté l’assistance à poursuivre les efforts en faveur de la cohésion et de l’unité nationale pour parvenir à une paix durable en République Démocratique du Congo.