Par MANGYANDA KINKEMBO-Matutu Laurent
Chef de Travaux
Thèse présentée en vue de l’obtention du titre d’Agrégé de l’Enseignement Supérieur en Médecine
RESUME
Introduction. Les troubles du neuro-développement peuvent être des signes révélateurs de la glycogénose de type 1 (GSDI), anomalie congénitale de la régulation glycémique.
Objectif. Rechercher à Kinshasa, dans la population d’enfants porteurs des troubles neuro-développementaux
de causes indéterminées et scolarisés dans les institutions spécialisées, la présence de cette affection.
Patients et Méthode. Trois études, une descriptive et deux analytiques, ont été menées entre 2016 et 2018, chez 121 enfants de deux sexes, âgés de 4 à 19 ans avec troubles neuro-développementaux non élucidés et fréquentant les écoles de rééducation mentale à Kinshasa. Grâce aux listes fournies par ces écoles et sur base des tests psychomoteur et cognitif réalisés auparavant,
les différents troubles tant généraux, du développement psychomoteur que cognitifs ont été décrits ainsi qu’a été identifiée la triade clinico-biologique [Hypoglycémie-HyperlactacidémieHépatomégalie] de la GSD 1. Les variants génétiques associées à ces
troubles ont été déterminés par l’étude de l’ADN au cours d’une étude transversale analytique.
Les enfants avec troubles neuro-développementaux et possédant des allèles jugés pathologiques chez les caucasiens ont été appariés aux témoins pour évaluer l’éventuelle
pathogénicité de ces allèles dans notre milieu. Le Chi carré de Pearson a permis de comparer les proportions, les tests-t Student et ANOV A ont permis de comparer les moyennes. Tandis que les .tests de Wilcoxon Whitney Mann et de Mood ont permis de comparer les médianes. Grâce au Minitab 18, on a construit des intervalles de confiance, calculer le risque relatif et apprécier le degré d’association par le Test de Mood. La valeur de signification statistique était de p<0,005.
Résultats. Les manifestations suivantes ont été observées: le déficit cognitif (89%), le trouble autistique (83%), le trouble de la mémoire (76%), les convulsions (34%), les repas à courts intervalles (32%), l’hépatomégalie (21%), les infections à répétition et l’hypersexualité (15%).
L’hypoglycémie au jeûne court était associée au retard cognitif (p<0,001), au trouble de la mémoire (p<0,001), à l’hépatomégalie (p<0,001) et aux repas pris à court intervalle (p<0,02). L’hyperlactacidémie de jeûne court était associée au retard cognitif (p<0,001), à l’hépatomégalie (p<0,001), aux repas pris à court intervalle (p<0,002) et aux infections à répétition (p<0,002).
Six variants ont été détectés chez les 41 enfants présentant au moins deux signes suggestifs: c.1074+23T>C (26/41), c.432G>A (11/41), c.558G>T (6/41), c.1074+3G>A (5/41), c.230+3A>G et c.562+10G>A (4/41). La détection d’un variant était associée à la triade Hypoglycémie Hyperlactacidémie-Hépatomégalie (p<0,0205), au retard cognitif (p<0,0421) et aux repas à intervalles courts (p<0,008). Pour le variant C.432G>A, sur 20 allèles analysés, 11/20 (55%) mutations ont été observées chez les enfants malades et 2120 (11,56%) pour les témoins avec une différence statistique significative (p<0,002; OR: 1,2).
Pour le variant C.1074+23T>C, 29/46 (63%) allèles mutés ont été retrouvés respectivement chez les témoins et les enfants malades (p= 1).
Conclusion. La glycogénose type 1 pourrait être une des étiologies des troubles neuro-développementaux non élucidés de l’enfant dans les institutions spécialisées à Kinshasa. Les variants isolés ne sont pas réputés pathogènes ailleurs, faisant envisager une étude extensive pour rechercher des facteurs génétiques et/ou épigénétiques qui pourraient les rendre délétères.
Mots clés: Glycogénose de type 1, Variants, Troubles neurodéveloppementaux, Enfant, Kinshasa.