Thèse de Doctorat soutenue en vue de l’obtention du Grade d’Agrégé de l’Enseignement Supérieur en Médecine
Par
Boniface TETE OKAKA K’ELOTA
Pneumologue-Interniste
Promoteur: Professeur Docteur Jean-Marie KAYEMBE NTUMBA
Co-promoteur: Professeur Docteur Jean-Robert MAKULO RISSASSI
RESUME
Contexte et Objectifs
En République Démocratique du Congo (RDC), l’ampleur du syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) n’est pas connue. Dans la perspective de développer une stratégie de prise en charge de cette pathologie dans le pays, le présent travail réalisé durant la période allant de juillet 2017 à mars 2022 avait pour objectifs: évaluer le niveau de connaissance des médecins congolais sur le SAHOS (étude l), déterminer la prévalence et les facteurs de risque du SAHOS dans la population de Kinshasa ( étude 2), évaluer l’observance et l’efficacité du traitement par pression positive continue (PPC) ( étude 3) et connaître la performance diagnostique de l’oxymétrie nocturne (ON).
Méthodes
La première étude a analysé les réponses aux items d’un questionnaire en
ligne administré à 821 étudiants finalistes en médecine, médecins généralistes et spécialistes utilisant les 3 principales plates-formes des médecins congolais dans les réseaux sociaux. Dans la deuxième étude, la prévalence des symptômes évocateurs du SAHOS et les facteurs de risque ont été déterminés sur un échantillon de 4162 sujets d’âge ~ 18 ans habitant la ville de Kinshasa et sélectionnés à la suite d’un sondage aléatoire stratifié à trois niveaux ( quartier, rue, parcelle/ménage). La troisième étude (interventionnelle) a évalué l’observance et l’efficacité du traitement par PPC (modification des échelles de Pichot et d’Epworth après 6 mois de traitement) chez 323 patients. Dans la 4ème étude, la sensibilité et la spécificité de !’ON ont été recherchés par rapport à la polygraphie ventilatoire (PV). Le SAHOS était suspecté quand le score Stop-bang était > 3. Le diagnostic était confirmé par la PV lorsque l’index apnée hypopnée (IAH) était > 5. La mise sous traitement par PPC a tenu compte des recommandations de la Société Française de Recherche et Médecine du Sommeil (SFRMS). Le SAHOS était dit sévère modéré ou léger si les valeurs de l’index apnée hypopnée (IAH) étaient respectivement> 30, entre 15 et 30 et entre 5 et 15.
Résultats
Le niveau de connaissance des étudiants finalistes sur le SAHOS était mauvais à 85, 7% vs 67, 1 % chez les médecins généralistes et 46, 1 % chez les spécialistes (p <0.001 ). La prévalence du SAHOS dans la population générale était de 13, 1 % dont 17, 4% chez les hommes et 7, 9% chez les femmes. Les facteurs de risque du SAHOS étaient : le sexe masculin (OR=4,21;1C: 3,20-5,54), THTA (OR=6,73 ; IC: 4,87-9,30), Tage 40 ans (OR=2,36; IC: 1,15-4,81), l’obésité/surpoids (OR=l.94; IC: 1,13-3,78), la somnolence diurne excessive (OR=2, 63 ; IC : 2,05-3,56). Chez les patients avec SAHOS confirmé, la PV a montré un SAHOS sévère à 71,2% et modéré à 22%. L’observance à la PPC était bonne (90%). Les échelles de Pichot (21,8±3,2 vs 17,1±2,7 ; p <0.001) et d’Epworth (12,9±2,5 vs 7,1±1,8 ; p <0.001) se sont améliorées après 6 mois de traitement par PPC. Comparé à la PV, !’ON a montré une sensibilité de 94,4% et une spécificité de 88,9%.
Conclusion
Les médecins congolais ont un faible niveau de connaissance sur le SAHOS. Dans la population générale, environ un sujet adulte sur sept présente des symptômes du SAHOS dont le risque de survenue est plus élevé chez les hommes à partir de 40 ans, les sujets obèses et hypertendus. Le traitement par PPC est bien toléré et est efficace chez la grande majorité des patients. Dans un milieu où la PV n’est pas disponible, !’ON demeure une alternative fiable pour diagnostiquer le SAHOS.
Mots clés : Niveau de connaissance, apnées du sommeil, prévalence, oxymétrie nocturne, polygraphie ventilatoire