FACULTE DES SCIENCES ET TECHNOLOGIES
MENTION SCIENCES DE LA VIE
Laboratoire de Botanique Systématique et d’Ecologie Végétale
Thèse présentée et défendue publiquement en vue de l’obtention du Grade de Docteur en Sciences
Par
Lemmy LASSA KANDA Diplômé d’Etudes Approfondies en Biologie
Prof. Dr. Ir. Félicien LUKOKI LUYEYE, Promoteur, Professeur Emérite, UNIKIN (Membre)
Prof. Dr.lr.’Apollinaire BILOSO MOYENE, Co-Promoteur
2023
RESUME
Cette étude a été menée dans deux secteurs (Benga et Lubisi) et la cité de Kimvula dans le Territoire de Kimvula. Elle a pour but de valoriser le savoir et le savoir-faire endogènes sur les plantes en vue d’une exploitation durables des dites ressources.
Pour ce faire, une enquête ethnobotanique sur 1 ‘utilisation des plantes utiles a été réalisée dans 19 villages et 6 quartiers grâce à des interviews directes et collectives auprès de 377 informateurs, dont l’âge est compris entre 20-87 ans.
Les résultats de ces enquêtes ont permis d’établir une liste floristique de 353 espèces appartenant à 248 genres, 90 familles, 35 ordres, 12 clades et 4 embranchements. La famille la plus prépondérante de cette flore celle des Fabaceae (39 espèces).
Cette florule est composée en majorité des plantes ligneuses (68,84%); principalement des Phanérophytes (57,22%), Mésophylles (61, 19%) et Zoochores (57,51 %), généralement des plantes de culture (29,46%) et appartenant à l’élément Guinéo-congolais (27,48%).
Généralement, des réponses recueillies auprès des populations, ne se dégage pas un large consensus autour de l’utilisation des plantes dans 6 catégories d’usages clairement identifiées. Le consensus est faible partout.
En ce qui concerne le taux de réponse pour les fréquences moyennes de citations et les niveaux de fidélité, les feuilles du Manihot esculenta sont citées comme les plus fréquemment utilisées. Les niveaux de fidélité sont supérieur ou égal à 50%, mais 70 espèces végétales bien que fréquemment citées ont des niveaux de fidélité inférieur à 50%.
Pour la vulnérabilité relative des espèces végétales, au total, 162 espèces possèdent un indice de vulnérabilité supérieur ou égal à 2 et sont de ce fait dites vulnérables. Parmi ces 162 espèces, 50 sont très vulnérables (IVi 2: 2,5); et 191 espèces apparaissent faiblement vulnérables.
Dans le territoire de Kimvula, les espèces présentant un fort potentiel d’usage ethnobotanique sont respectivement Hallea stipulosa (VU= 7,96), Millettia laurentii (VU = 6,68), Milicia excelsa (VU = 5,96), Xylopia aethiopica (VU = 4,97), Alstonia congensis (VU= 3,39), Harungana madagascariensis (VU = 3,36), Manihot esculenta (VU= 3,11).
En associant les indices VUs et ICs sur l’ensemble d’espèces végétales (353) utilisées sur le plan alimentaire, artisanal, construction, emballage, médicinal et autres usages dans le territoire de Kimvula, les espèces qui ont chacune une VAUs élevée sont les espèces Hallea stipulosa, Mllettia laurentii, Milicia excelsa, Xylopia aethiopica, Manihot esculenta,
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Morinda morindoides, Harungana madagascariensis, Alstonia congensis, Hymenocardia
acida, Mangifera indica, Persea americana, Elaeis guinneensis, Erythrophleum africanum, Ipomoea batatas, Cucumeropsis mannii, Dysphania ambrosioïdes, Carica papaya et Megaphrynium macrostachyum.
Les relations intra et inter-villages sur l’utilisation des plantes utiles, montrent une faible similarité (48%) entre le premier groupe (Gl) et le deuxième groupe (G2). Les populations du groupe (G2) sont liées les uns aux autres avec les espèces communes, ils forment d’une manière générale, une même communauté dans l’emploi des plantes utiles.
L’étude de la flore médicinale a fait ressortir une richesse floristique de 222 espèces médicinales réparties en 78 familles et 81 genres avec une prédominance de la famille des Fabaceae (28 espèces).
L’espèce Morinda morindoides a été signalée par 327 enquêtés et est aussi l’espèce végétale la plus citée avec 1005 citations (5,53%).
Parmi les plantes utilisées dans le territoire de Kimvula, ce sont les arbustes qui prédominent avec 24,32% de plantes utilisées en médecine traditionnelle. Du point de vue écologique les espèces des savanes fournissent le plus grand nombre de plantes médicinales (41,44 %).
Concernant les aspects ethnobotanique et pharmacologique, le groupe des effets médico-magiques est largement cité avec 32 indications (16,41 %), la plupart des plantes interviennent dans le traitement des anémies (12,71 %), la feuille est l’organe le plus utilisé (57,97%); le pilage (42,25%) et la décoction (41,82%) sont les modes de préparation les plus employés, tandis que l’administration per os (42,58%) est le mode le plus usité pour administrer les drogues traditionnelles.
L’espèce médicinale présentant une forte valeur d’usage ethnobotanique est Morinda morindoides (Vu,0= 2,67).
Les espèces médicinales avec une valeur d’accord d’usage élevée sont Morinda morindoides, Disphania ambrosioides, Costus phyllocephalus, Pentadiplandra brazzeana, Manihot esculenta, Securidaca longepedunculata, Ocimum gratissimum, Moringa oleifera, Boerrhavia diffusa, Senna occidentalis et Brillantaisia owariensis avec des valeurs supérieures à 1.
Les espèces les plus utilisées par les tradithérapeutes et les herboristes dans différentes recettes pour le traitement des indications, sont par ordre décroissant j fréquences de contribution: Brillantaisia owariensis, Manihot esculenta avec chacune un Cpr de 3.
La recherche du degré de consensus révèle qu’aucune catégorie n’a atteint la valeur maximale. Les catégories qui ont des degrés de consensus intéressants sont : les symptômes, signes et états morbides mal définis et les maladies du sang et des organes hématopoïétiques avec respectivement (0,98); les maladies infectieuses et parasitaires (0,96).
Dans l’ensemble des informateurs, il se dégage des niveaux de consensus plus larges respectivement dans le traitement des indications telles que l’anémie (VCI = 0,66), la toux (VCI = 0,40), la fièvre (VCI = 0,38), les maux de ventre (VCI = 0,38), l’affection de la rate (VCI= 0,31).
Le Med,IARs des plantes médicinales utilisées dans le territoire de Kimvula varient de 0 à 0,99. L’espèce médicinale présentant le Med,IARs le plus élevé est Justicia secunda (0,99) et 43 espèces ont présenté un Med,IARs maximal de 1, cela montre que ces espèces soignent une maladie particulière.
L’analyse de la valeur d’importance effectuée sur les valeurs d’usage et le nombre total des espèces médicinales indiquent que l’ espèce Morinda morindoides (VI = 4,53) a une valeur d’importance relativement supérieure à celle des autres espèces.
En ce qui concerne les fréquences de citations de maladies, les affections les plus fréquentes du territoire de Kimvula sont les anémies (6,25%).
L’analyse de l’indice d’importance relative calculée à partir des maladies et des groupes des maladies montre que l’espèce Morinda morindoides (100%) a un indice d’importance relativement supérieur par rapport aux autres espèces.
Pour les espèces alimentaires, au total 185 espèces alimentaires ont été répertoriées.
Ces espèces sont réparties en 28 ordres, 57 familles et 114 genres. La famille la plus représentées est les Fabaceae (17 espèces).
Quant aux caractéristiques générales de la florule alimentaire les arbres (22, 16%), les espèces de culture (42,16%) et les espèces pantropicales (36,76%) prédominent en nombres d’espèces.
D’une manière générale, les feuilles et les fruits sont les organes les plus consommés avec 29,84% et 27,21% d’espèces et avec respectivement 33,88 % et 21,60% de citations.
Parmi les catégories des plantes alimentaires, les plantes à fruits comestibles prédominent en nombre d’espèces (42,23%) qu’en nombre de citations avec 42,46% de citations.
D’après le degré de connaissance relative des informateurs variant de 99,73 à 0,27%, les espèces bien connues varient de 99,73 à 51,72%. Manihot esculenta qui a un degré de connaissance de 99,73%, est l’espèce qui a une importante valeur alimentaire chez la population du territoire de Kimvula.
Les espèces alimentaires présentant une forte valeur d’usage ethnobotanique sont Manihot esculenta (Vu,= 1,79), Ipomoea batatas (Vu,= 1,59), Cucumeropsis mannii (Vu,= 1,54) et Dioscorea bulbifera (Vu= 1,03).
L’espèce ayant une forte valeur d’indice de pertinence culturelle est Mangifera indica (686,04). Mais, toutes les valeurs obtenues sont largement inférieures à 5.443,21. Par conséquent, aucune des espèces n’a une forte importance culturelle dans l’alimentation des populations.
Les résultats montrent que les plantes recensées, utilisées dans la construction dans le territoire de Kimvula, sont au nombre de 85 réparties en 36 familles et 78 genres. La famille la mieux représentée en nombre d’espèces est les Fabaceae (16 espèces).
Parmi les usages des plantes utilisées dans la construction, les plantes utilisées dans la construction des mûrs prédominent en nombre d’espèces (42,75%) qu’en nombre de citations (49,39%).
Dans l’ensemble, les tiges sont les parties les plus utilisées avec 69,88% de citations, suivies de très loin par les tiges feuillées avec 9,77% de citations.
L’espèce utilisée dans la construction présentant une forte valeur d’usage ethnobotanique est Brachystegia spiciformis (Vue,= 0,98).
Les espèces artisanales inventoriées dans 19 villages et 6 quartiers dans le territoire de Kimvula sont au total 76 espèces. Ces espèces sont réparties dans 62 genres et 32 familles. La famille la plus importante est les Fabaceae (12 espèces).
Pour les plantes utilisées dans l’artisanat, les plantes utilisées dans la fabrication des cercueils et des portes prédominent en nombre d’espèces (8,85% chacune).
Parmi les organes utilisés dans l’artisanat, les tiges sont les parties les plus utilisées avec 90,84% de citations.
Les espèces artisanales suivantes : Millettia laurentii (Vu,= 5,5l), Hallea stipulosa (Vu,= 5,44), Mlicia excelsa (Vu.= 5,00) présentent des fortes valeurs d’usage ethnobotanique.
Pour les espèces d’emballage, au total 38 plantes sont identifiées et réparties en 37 genres et 22 familles. La famille des Marantaceae, à elle seule, recrute (6 espèces).
Les plantes utilisées dans l’emballage de pains de manioc (chikwangues) prédominent en nombre d’espèces (80,85%) qu’en nombre de citations avec 99,44% de citations. En général, les feuilles sont les parties les plus utilisées avec 83,50% de citations.
L’espèce utilisée comme emballage présentant une forte valeur d’usage ethnobotanique est Lasimorpha senegalensis (Vu,= 1,03).
Pour des espèces utilisées pour d’autres usages dans le territoire de Kimvula, l’enquête ethnobotanique a permis de recenser 59 espèces végétales appartenant à 53 genres et 32 familles. La famille la plus représentée en nombre d’espèces est les Fabaceae.
Dans le territoire de Kimvula, les plantes utilisées comme bois de chauffe prédominent en nombre d’espèces (65,06%) qu’en nombre de citations (94,41 %).
Pour les divers usages, la population locale utilise 59 espèces végétales dans les domaines tels que les sources énergétiques ; 99,59% des organes végétaux utilisés sont les tiges ou les troncs et 0,41 % sont les pétioles. ·
L’espèce utilisée pour d’autres usages présentant une forte valeur d’usage ethnobotanique est Hymenocardia acida (Vu4= 0,95).
Mots clefs: Plantes utiles, ethnobotanique, usages, territoire de Kimvula, RD. Congo