Monsieur le Recteur,
Mesdames et Messieurs en vos titres et qualités respectifs,
Le fil d’Ariane que constitue un plan stratégique pour atteindre des objectifs opérationnels dans un espace temporel est un exercice de haute importance pour la vie de l’Université, la vie de l’UNIKIN.
Le premier congrès de l’ALMA tenu à Kinshasa au mois de juin 2018 avait fortement recommandé ce mode opérationnel dans un cadre de politique défini par l’autorité publique pour un système d’enseignement qui réponde aux besoins de la société en constante évolution.
Monsieur le Recteur,
Vous appliquerez ce plan comme un capitaine de bateau quittant un port pour le large et je dois vous dire que vous allez naviguer entre deux eaux à savoir, celle qu’on pourrait appeler des « conservateurs » et celle qu’on pourrait appeler des « novateurs ».
Les premiers tenteront, à juste titre, de résister à l’évolution en rappelant la mission classique et citoyenne de l’enseignement universitaire à laquelle ils s’accrochent au point d’être accusés de refuser la nouveauté et de se complaire dans la routine du passé, en faisant peu état de l’intégration des jeunes dans la société, dans la vie active.
Les seconds sont plutôt de tendance à l’innovation, tendance acquise à l’idée de « destruction créatrice » de Schumpeter. Ils trouvent en cette position une saine compétition favorable à l’émergence de l’innovation notamment parce qu’elle crée un climat propice à l’élimination des positions établies par les plus anciens.
Entre les deux, vous aurez à favoriser et laisser libre le débat contradictoire, nourri par d’arguments véritables sous peine de prendre le risque de laisser place à des prises de positions qui peuvent parfois être assimilées à des raisons d’État évitant ou éloignant les acteurs et surtout les étudiants de la formation à l’esprit critique.
Puis s’invite à la navigation une tierce dimension que constitue la « Communication » dont les services viendraient s’ajouter aux tâches enseignantes et administratives traditionnelles. Il ne s’agit plus seulement de créer des formations adaptées aux besoins supposés des employeurs et plus largement à ceux de l’économie et de la société d’aujourd’hui, mais également d’attirer un public étudiant suffisamment nombreux pour s’assurer d’un financement du fonctionnement universitaire. La communication devient un outil pour la captation des étudiants permettant d’obtenir le financement privé d’institutions universitaires. Ces derniers sont donc contraints, tels des publicitaires chargés de faire vendre un produit, de devenir aussi des « fabricants d’images » après s’être fait des créateurs de formations nouvelles.
Quand le plan stratégique parle d’entreprenariat et du numérique, il s’inscrit dans la logique de rechercher le lien avec le secteur privé qui lui, exige des formations en adéquation avec le tissu économique national. Dans le cas de notre pays, les entreprises nationales congolaises développent des emplois dans le secteur tertiaire, les services et le numérique et bientôt dans l’intelligence artificielle. Nous faisons peu dans les secteurs primaire et secondaire, vivier naturel de la création des manufactures qui répondent aux besoins de base de la population congolaise, à la diversification économique et à la substitution aux importations.
Monsieur le Recteur,
Sur le large, l’on devra distinguer ce navire s’il est illuminé par les reformes voulues et tant attendues, de notre système d’enseignement et des formations, pour une politique qui s’adapte et prépare les générations futures à la maitrise des besoins de notre société en pleine mutation pour le bien-être et la liberté.
L’ALMA vous assure de son accompagnement à la réalisation de ce plan et vous souhaite un vent favorable.
Quant à moi, je vous remercie de votre attention
Kinshasa, le 15 août 2023
Jean Pierre Muongo
Vice-Président
Association ALMA